le MAG - Emmanuelle Lapeyre
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le MAG
Magazine Sud-Ouest 19 Septembre 2020
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Texte par Emmanuelle Lapeyre, journaliste.
Photo Maider Brouque
«LE CORONAVIRUS A APPORTÉ UNE RADICALITÉ»
Les travaux du peintre et plasticien basque Franck Cazenave prennent une résonance particulière en ces temps de pandémie.
Expérience individuelle et sociale inédite, le confinement a été jeté une lumière crue sur les grands enjeux d’aujourd’hui, que ce soit les relations humaines au temps des réseaux sociaux, la crise écologique ou le rapport à l’individualité. Des interrogations qui sont au cœur des travaux de Franck Cazenave. Cet artiste peintre et plasticien basque, lecteur assidu de Roland Barthes et de Cynthia Fleury, travaille depuis plusieurs années déjà sur les notions d’identité, de perception et de temporalité, au regard des bouleversements contemporains.
Une réflexion que la crise du Covid-19 et ses conséquences sont venus nourrir. « Le confinement a été pour moi une période de travail intense. Je ne l’ai pas vécu violemment car la vie d’atelier est déjà un repli sur soi. Cet évènement a ouvert une nouvelle voie dans mon travail, axée sur la transition que l’on vit aujourd’hui entre l’anthropocène et le transhumanisme. La crise sanitaire nous oblige aujourd’hui à ne plus être dans le déni. Où en est le moi, face aux mutations technologiques, climatiques et sanitaires ? Le Covid a apporté une radicalité : des questions cruciales comme l’écologie sont sur la table et on ne peut plus les éviter. C’est aussi le rôle de l’artiste de se les poser »
UNE RÉFLEXION NOURRIE DE RENCONTRES
Le travail de Franck Cazenave invite plus que jamais à se poser la question de l’individuation, c’est à dire la capacité à aller vers soi pour cultiver un terrain collectif capable d’améliorer le monde. De fait, l’artiste navigue entre la solitude de son atelier et les projets partagés qu’il initie autour des thèmes qui lui sont chers.
C’est ainsi que sortira au printemps prochain « Tamaris d’ici et d’ailleurs ». A la frontière entre art et écologie, cet ouvrage de 80 pages rendra hommage aux arbustes emblématiques des bords de mer, avec la participation de personnalités comme l’académicien François Cheng ou le journaliste musical JD Beauvallet, fondateur des Inrocks.
Autre projet collectif, TALAYATMAC vise à interroger le rapport au miroir et à l’intime, en ces temps d’omniprésence des écrans et de l’image. Une réflexion menée avec la collaboration de dix femmes engagées comme la skipper Alexia Barrier, la philosophe Sophie Geoffrion, l’écrivaine Blandine Rinker ou la DJ Chloé Thévenin. En cours de production, ce projet devrait prendre la forme d’une exposition et de rencontres, pour lesquelles l’artiste recherche actuellement des partenaires.
VISIBLE ET INVISIBLE RÉEL ET VIRTUEL
En parallèle, Franck Cazenave n’oublie pas ses pinceaux, d’autant que la peinture est au cœur de sa démarche. Après avoir interrogé le rapport au corps à travers la série « Le Portrait Nu », il vient de se lancer dans un nouveau cycle de recherche, baptisé AT THE FRONT ROW, où il continue d’explorer cette tension entre le visible et l’invisible, le réel et le virtuel, le rassurant et l’effrayant. Amoureux de l’océan, le biarrot vient également de signer une collaboration picturale avec l’hôtel Thalazur de Saint-Jean-de-Luz autour des bienfaits de l’eau. Une facette de plus pour cet artiste protéiforme qui ne cesse de nous inviter à poser un regard sur soi et le monde.